Le globe céleste

Pour dresser la cartographie du Ciel, Coronelli procède par accumulation et compilation d’observations faites par d’autres, sans se livrer à de nouvelles observations.

Le catalogue des étoiles qu’il publie un peu plus tard offre un bel échantillon de sa manière de travailler : Coronelli ne corrige pas les observations des autres cosmographes mais il les mélange.

Coronelli s’inspire d’une documentation déjà ancienne, tel le catalogue des étoiles de Johann Bayer (1603) ou encore celui de Giovanni Battista Riccioli plus récent, mais déjà dépassé en cette période. Coronelli adapte ces sources à une documentation française beaucoup plus récente qu’il pille en omettant d’en citer les auteurs et notamment Royer.

L’apport véritablement original et innovant du globe céleste réside dans le style très particulier du dessin des figures ou des constellations. Peints dans un camaïeu de bleu, le dessin et l’exécution des figures furent exécutés par Jean-Baptiste Corneille, que cite Coronelli, et par d’autres artistes animaliers.

Le globe céleste de Coronelli est inspiré du système de Ptolémée. Au centre du globe, se trouve la terre, immobile au centre de l’Univers, tandis qu’autour d’elle tourne en 24 heures la « sphère des fixes », selon un mouvement qui va de l’orient à l’occident. 

À l’inverse de ce mouvement, le Soleil et ses planètes décrivent un mouvement opposé, de l’occident à l’orient. Ce parcours, appelé l’écliptique, est matérialisé sur le globe par un soleil coulissant sur un grand cercle en bronze.

Sur l’azur du ciel ou sur le bleu marine des constellations évoquant un ciel nocturne, se détachent 1880 corps célestes matérialisés par des bossettes de bronze doré en forme de soleil. La grandeur des bossettes varie en fonction de la taille et de la luminosité des corps célestes, classés selon l’ordre copernicien des « grandeurs », depuis les étoiles de la première grandeur, jusqu’aux plus petites, les nébuleuses, matérialisées par de petites bossettes rondes.

Les comètes apparaissent souvent accompagnées de la date de leur découverte et plus rarement du nom de celui qui en est l’auteur. Parfois, une traîne dorée indique leur direction. En 1781, on inséra dans le globe une « sixième planète », Uranus, que venait de découvrir Herschel et qu’on avait prise jusqu’alors pour une comète.

Les constellations figurant sur le globe sont au nombre de 72. Aux quarante-huit constellations décrites par Ptolémée s’ajoutent celles introduites par Mercator et Petrus Plancius entre 1551 et 1613 grâce à l’amélioration des lunettes ou à partir d’observations réalisées par des navigateurs depuis les terres australes.
Figurent également deux constellations « françaises » récentes : le Sceptre tenu par la main de justice et la Fleur de lis, ainsi que la constellation du Rhomboïde créée par Royer.

Traditionnellement, sur les globes célestes dits « convexes », les figures des constellations sont peintes dos à l’observateur comme si elles regardaient la terre au centre du globe et de l’univers. Coronelli les a fait exécuter face à l’observateur, dans des postures frontales ou semi-frontales. Donc, bien qu’il appartienne au modèle des « globes convexes », le globe céleste de Coronelli constitue un ensemble hybride.