Berlioz, un héros romantique

Tout en faisant ses études de médecine à Paris, le jeune Berlioz fréquente assidûment l'Opéra et la bibliothèque du Conservatoire de musique. Là s'impose une vocation qu'il défendra avec acharnement.

« En arrivant à Paris, en 1822, avec mon condisciple A. Robert, je me livrai tout entier aux études relatives à la carrière qui m'était imposée ; je tins loyalement la promesse que j'avais faite à mon père en partant. J'eus pourtant à subir une épreuve assez difficile, quand Robert, m'ayant appris un matin qu'il avait acheté un sujet (un cadavre), me conduisit pour la première fois à l'amphithéâtre de dissection de l'hospice de la Pitié. L'aspect de cet horrible charnier humain [...] me [remplit] d'un tel effroi que, sautant par la fenêtre de l'amphithéâtre, je pris la fuite à toutes jambes et courus haletant jusque chez moi, comme si la mort et son affreux cortège eussent été à mes trousses. Je passai vingt-quatre heures sous le coup de cette première impression, sans vouloir plus entendre parler d'anatomie, ni de dissection, ni de médecine, et méditant mille folies pour me soustraire à l'avenir dont j'étais menacé. » (Hector Berlioz, Mémoires, V, 1878)

À 27 ans, Berlioz obtient le Grand Prix de Rome pour la composition musicale avec sa cantate Sardanapale, après quatre tentatives infructueuses. Il peut enfin se lancer dans une carrière de musicien, au désespoir de sa famille.

À l'heure où la bataille d'Hernani sonne l'avènement du romantisme, Berlioz crée son propre manifeste : la Symphonie fantastique invente un nouveau langage musical pour exprimer les passions et la souffrance de l'artiste.

Sous-titrée « épisode de la vie d'un artiste », l'œuvre est introduite par un « programme » littéraire, en partie autobiographique, dans lequel le compositeur expose le « plan du drame musical » : son amour malheureux, ses angoisses et ses rêves douloureux.

« Mon concert a eu lieu avec un succès extraordinaire ». Ce coup d'éclat attire vers le jeune compositeur Liszt et Paganini dont la générosité et l'amitié ne se démentiront pas.

Le compositeur puise aux mêmes modèles que les écrivains et peintres romantiques. Il retient les leçons de Shakespeare : liberté de forme, mélange des genres, confrontation du sublime et du grotesque, fidélité à la vie dans sa complexité et son ironie.

À la suite de Goethe et de Delacroix, Berlioz met en musique le mythe dans Huit scènes de Faust qu'il reprend quelques années plus tard dans La Damnation de Faust.

La vie même de Berlioz semble inspirée par l’imaginaire romantique : lors d'une représentation d'Hamlet, il tombe amoureux de l'actrice qui joue Ophélie. Transposant cette passion dans la Symphonie fantastique, il finit par épouser Harriet Smithson cinq ans plus tard !