Le renouveau de l’intérêt pour la photographie japonaise

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie
Kamakura, Daibutz (Daibutsu), grand Bouddha en bronze
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On s’aperçoit depuis quelques années que des archives publiques et privées conservent des photographies anciennes du Japon : ces images méritent l’attention et le respect que l’on porte aux enluminures médiévales. Attention à l’égard du sujet : la façon d’être et de vivre d’une société, l’environnement qui était le sien avant qu’un profond bouleversement n’en supprime pour toujours les manifestations et les traits millénaires. Respect à l’égard du travail : à l’époque, chaque épreuve positive réussie est le maillon ultime d’un processus manuel complexe qui, de la préparation des surfaces sensibles à la repique des tirages en passant par le cadrage du motif et la prise de vue, exige un réel savoir-faire artisanal. S’il n’est pas forcé d’accomplir lui-même toutes les manipulations requises pour réaliser un cliché et en tirer des épreuves, l’auteur y consacre cependant plus d’heures qu’aujourd’hui.

Vendeur de saké
Bibliothèque nationale de France / Société de géographie
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Trois joueurs de shamisen
Bibliothèque nationale de France / Société de géographie
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Il faut ajouter ici le coloriage des épreuves, non que les ateliers européens l’aient ignoré, mais les artistes japonais s’y adonnent couramment, témoignant en sus d’une délicatesse et d’une dextérité remarquable. Bref, la réalisation complète d’un tirage demande alors plus de temps qu’un dessin. L’avantage sur l’iconographie traditionnelle ne tient donc pas dans la facilité d’exécution ; il réside dans la multiplication (limitée) de l’image et dans l’exactitude (relative) de la représentation.

Corée : groupe de six personnages assis, en 1871
Bibliothèque nationale de France / Société de géographie
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Des photographies aux gravures
Ce patrimoine iconographique eût-il péri tout entier que des fragments en étaient tout de même transmis par les auteurs de livres illustrés faisant appel à la photographie de leur époque. Héritage amoindri dans la mesure où l’intégrité de la représentation initiale n’est pas garantie : à défaut d’un procédé photomécanique sûr, la transcription passe par le mode traditionnel de la gravure qui laisse au dessinateur une grande latitude d’interprétation. Les contraintes de mise en page, le format de la publication entraînent des recadrages et des amputations. Le cas inverse d’une illustration montrant du cliché original plus de matière que les tirages survivants est peu fréquent. Le goût des graveurs et du public pour le pittoresque mène à l’adjonction ou à la réintroduction dans la scène d’éléments que l’objectif de toute façon n’aurait pu enregistrer à cause de l’insuffisante photosensibilité des méthodes au collodion ou à l’albumine. Le ciel vierge d’une vue de Nagasaki se charge de nuages dans la planche réalisée pour Humbert par Eugène Cicéri.

Le Daïboudhs, statue colossale du Bouddha, à Kamakoura
Bibliothèque nationale de France
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Provenance
Cet article a été publié à l’occasion de l’exposition « Trésors photographiques de la Société de géographie » présentée à la Bibliothèque nationale de France en 2007.
Lien permanent
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