L’alphabet phénicien, ancêtre de presque tous les alphabets




Dans les systèmes alphabétiques, fondés sur une analyse rigoureuse des plus petites unités phoniques du langage (consonnes et voyelles), on représente chaque phonème par un signe : on peut ainsi noter facilement les sons, indépendamment de leur sens.
Miracles de Marie
Découvertes au Proche-Orient et datant du 2e millénaire av. J.-C., les inscriptions protosinaïtiques et protocananéennes sont les deux formes les plus anciennement attestées d'une écriture alphabétique, dont dérivent directement les écritures sud-arabiques et l'écriture éthiopienne. Vers le 13e siècle av. J.-C., sous des traits cunéiformes, est apparu l'alphabet dit « ougaritique ».
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Monnaie de Tyr : Démétrios Ier
Mais c'est à l'alphabet phénicien, issu de ces premiers essais et tel qu'il est attesté vers l'an 1000 av. J.-C., que revient le mérite d'avoir diffusé depuis la ville de Tyr ce système révolutionnaire, non seulement vers l'Ouest, la Grèce et Rome, mais aussi vers l'Asie centrale et l'Inde, devenant ainsi l'ancêtre de presque tous les alphabets qui notent les langues sémitiques, la plupart des langues dites indo-européennes et quelques autres, qui l'ont adapté à leur usage.
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Statue du pharaon Osorkon Ier
L'alphabet phénicien comporte 22 lettres. Système phonétique, il ne note que les consonnes ; il est fondé sur le principe de l'acrophonie. Pour noter les sons, on se sert de la représentation simplifiée d'un objet dont le nom commence par ce son. Ainsi, pour noter /b/, on utilise le signe symbolisant la maison, qui se dit beith, et l'on décide par convention que, toutes les fois où l'on rencontrera ce signe, il ne s'agira pas de « maison », mais seulement du premier son de ce mot, la consonne /b/. Le principe de l'alphabet est désormais acquis avec sa graphie linéaire et ses signes schématiques.
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Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Christian Jean / Jean Schormans
Contrat en akkadien
Les Araméens ont propagé l'alphabet phénicien. L'araméen, langue du Christ, parlée bien avant l'ère chrétienne, avait un alphabet consonantique dérivé du phénicien, qui a servi à consigner de nombreuses autres langues. Si les Araméens n'ont jamais créé de grand empire, en revanche leur langue et leur système d'écriture ont eu une fortune remarquable ; leur alphabet a concurrencé et fini par remplacer le système cunéiforme. Son introduction dans les écoles, à partir du Ier millénaire av. J.-C., a donné lieu à une spécialisation des scribes : les uns écrivaient en akkadien sur tablettes d'argile, les autres en araméen sur papyrus.
Photo (C) Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier
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