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L’Empire byzantin
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Muhammad al-Idrisi
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Le monde islamique
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L’Occident chrétien
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La Sicile normande
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Croisades et Reconquista
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Une chronologie des Croisades en images (1095-1291)
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Le commerce en Méditerranée
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Les voies du commerce en Méditerranée médiévale
Croisades et Reconquista

Bibliothèque nationale de France
Deuxième croisade : l’armée de Saladin
L’armée de Saladin, sultan d’Égypte et de Syrie, inflige une terrible défaite aux Francs à Hattin en juillet 1187 et entre à Jérusalem en octobre.
Bibliothèque nationale de France
Les croisades
Pèlerinage armé, la « croisade » fait la synthèse entre le « pèlerinage à Jérusalem » – lequel vaut rémission des péchés – et la « guerre juste » contre les ennemis de l’Église. Pour le pape, c’est aussi le moyen de rassembler sous la bannière de l’Église la chevalerie d’Occident et d’imposer sa prééminence sur toute la chrétienté. Huit croisades se sont succédé entre 1095 et 1270, engageant plusieurs centaines de milliers de chrétiens.
Quatre États latins en Orient
En 1095, l’empereur byzantin sollicite l’aide militaire de mercenaires occidentaux contre les Turcs. Au même moment, des récits de mauvais traitements qu’auraient subis les pèlerins en route vers Jérusalem se répandent. Au concile de Clermont, le pape Urbain II (1042-1099) décide alors de prêcher la croisade, promettant la remise de pénitence à tous ceux qui endosseront la « croix » du Christ pour reprendre le Saint-Sépulcre aux musulmans. Cet appel remporte immédiatement un très grand succès, autant auprès des chevaliers que des classes populaires, galvanisées par des prédicateurs comme Pierre l’Ermite (1050-1115). Certains de ces groupes s’en prennent aux communautés juives des villes qu’ils traversent mais plusieurs seront dispersés en route. Seules les armées constituées arrivent à Constantinople, en 1096. L’année suivante, elles se dirigent vers la Syrie. La croisade se transforme alors en une véritable entreprise de conquête.

Première croisade : Prise d’Antioche et massacre de ses habitants
Protégée par une muraille et une citadelle imprenables, Antioche tombe par traîtrise aux mains des croisés après un siège épuisant.
Bibliothèque nationale de France
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Dès mars 1098 sont fondés le comté d’Édesse et la principauté d’Antioche. Puis les croisés s’emparent de Jérusalem qu’ils mettent à sac l’année suivante. Ils conquièrent l’ensemble du pays et des ports du littoral. Godefroy de Bouillon (1061-1100) prend la tête du royaume de Jérusalem, Raymond de Saint-Gilles (1042-1105) celle du comté de Tripoli. Constamment menacés par les Turcs, les quatre États latins résistent victorieusement au cours des décennies suivantes.
L’offensive de Saladin
Les exactions commises par les croisés émeuvent les musulmans et l’Islam se mobilise, stimulé par la menace chrétienne. En outre, les États latins occupent le littoral méditerranéen et gênent la Syrie dans ses relations économiques. L’émir Zengî (1084-1146) reprend la lutte et prône le rassemblement des musulmans pour défendre l’islam : c’est l’appel au djihad. Il s’empare d’Édesse en 1145. Ce revers important conduit quelques mois plus tard à une deuxième croisade. C’est un échec : le comté d’Édesse est définitivement perdu en 1151.
Chargé du gouvernement de l’Égypte et de la Syrie à partir de 1175, l’émir Saladin (1138-1193) se fait le champion de la guerre sainte. Il multiplie, à partir de 1181, les raids destructeurs puis écrase l’armée chrétienne en 1187 à Hattin. Peu après, Jérusalem est à nouveau aux mains des musulmans.

Deuxième croisade : Saladin et des prisonniers chrétiens
Saladin a repris tout le territoire franc, sauf Tripoli, Tyr et Antioche, faisant prisonniers les chrétiens. C’est l’effondrement des efforts de tout un siècle de croisades.
Bibliothèque nationale de France
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La chute de Jérusalem
Dès que la nouvelle du désastre est connue en Occident, le pape décide d’appeler à une nouvelle croisade. Saladin est défait. Une trêve, conclue en 1192, laisse la côte aux chrétiens et garantit la liberté de pèlerinage à Jérusalem. La troisième croisade empêche donc l’effondrement total de la Syrie « franque ». Mais la plus grande partie des territoires conquis un siècle plus tôt est perdue.
Le pape Innocent III (1160-1216) ordonne la prédication d’une quatrième croisade. Elle est détournée de son objectif au profit des Vénitiens. L’expédition se termine par la prise de Constantinople, mise à sac par les croisés en 1204, alors que Jérusalem reste aux mains des infidèles.
Dernières croisades
Les autres croisades, mal dirigées, sont compromises par les divisions entre les chefs chrétiens. Les derniers fiefs latins résistent jusqu’aux attaques des Mamelouks* d’Égypte. La huitième croisade, dirigée par Saint Louis (1214-1270), assiège Tunis au lieu de se porter vers la Terre sainte. Le roi de France meurt en Afrique et les derniers territoires latins d’Orient tombent les uns après les autres. Seule Chypre demeure chrétienne. À la fin du 13e siècle, l’élan religieux des premières expéditions a totalement disparu.

Huitième croisade : mort de Saint-Louis
La huitième croisade fait figure de « seconde croisade » de Saint-Louis. Elle apparaît comme une réaction d’ensemble de la chrétienté, appuyée sur une alliance mongole. Mais le roi n’arrive pas jusqu’en Terre sainte et meurt devant Tunis le 25 août 1270.
Bibliothèque nationale de France
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Quel bilan ?
Au-delà des expéditions militaires et de leur échec final, les croisades ont été l’occasion d’échanges multiples entre des mondes étrangers. Les zones de contact – l’Espagne, la Sicile et la Palestine – deviennent des régions très dynamiques tant du point de vue commercial que du point de vue culturel. Cependant, les conséquences sont inégales selon les civilisations.
L’idée de croisade est restée totalement étrangère à la mentalité byzantine. Le déferlement de masses inorganisées de pauvres gens et de soldats fanatiques n’avait rien de commun avec l’appoint de mercenaires attendu par Byzance. L’incompréhension mutuelle entre Occidentaux et Orientaux conduit au sac de Constantinople lors de la quatrième croisade en 1204. La mésentente, latente depuis plusieurs siècles, s’est muée en hostilité déclarée. La rupture dans la chrétienté, entre catholiques et orthodoxes, sera définitive.
À l’égard du monde musulman, les croisés sont apparus comme des ennemis et des envahisseurs. Ils sont tenus pour des barbares, ignorants et vulgaires, auxquels seule la qualité de combattants est reconnue. Le souvenir des croisades survit, jusqu’à nos jours, dans la permanence du culte des héros musulmans qui ont mené le djihad : Zengî, Nûr al-Dîn et Saladin notamment. Cet affrontement n’a toutefois pas arrêté l’expansion de l’islam : les musulmans s’emparent de Constantinople en 1453. Ils camperont devant Vienne en 1529.
La communauté juive a également vécu les croisades comme une agression. Á partir de la fin du 12e siècle, l’hostilité envers les juifs se développe en Europe. Des massacres sont perpétrés dans l’Empire germanique au départ des deux premières expéditions et tout au long des chemins. Après l’établissement des États latins en Terre sainte, les quartiers juifs subsistent, sauf à Jérusalem qui demeure interdite. De fortes redevances leur sont imposées pour alimenter les « trésors » de croisade. En 1215, le port d’un signe distinctif devient obligatoire...
En revanche, pour l’Occident, les bénéfices, autant matériels que culturels, semblent énormes. L’Europe a déjà réalisé au début du 12e siècle de remarquables progrès dans les domaines technique, économique et militaire. Son expansion est le résultat de cette importante mutation. En dépit de l’échec apparent des croisades, l’essor de l’Occident est désormais irréversible et sa prédominance sur la Méditerranée incontestée.

Première croisade : les pastoureaux partent en croisade
L’appel à la croisade connaît une grande faveur populaire, notamment grâce aux prédications de Pierre l’Ermite. Ainsi de jeunes bergers — les pastoureaux —, rejoints par les paysans, partent-ils avec l’espoir d’une vie meilleure. Ils vont commettre de nombreux vols et seront massacrés par les bourgeois de Bourges.
Bibliothèque nationale de France
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La présence d’États latins en Orient a entraîné des transformations sociales, politiques et administratives. Des ordres religieux militaires, les hospitaliers et les templiers, sont chargés de protéger les pèlerins en route pour la Terre sainte. Ils ont transformé, agrandi, embelli les sanctuaires existant à Jérusalem, Nazareth ou Bethléem. Leur influence marquera longtemps l’Occident. En dressant si violemment un monde contre un autre, les croisades, bien qu’achevées depuis plus de sept cents ans, ont marqué fortement les esprits et laissé des traces qui perdurent aujourd’hui.
La Reconquista
Au 8e siècle, presque toute la péninsule Ibérique est musulmane. Seuls quelques petits royaumes catholiques subsistent dans le nord : Asturies, Castille, León, Navarre, Aragon, Catalogne. Au nom de la foi chrétienne, ces petits États entreprennent la reconquête du territoire : c’est la Reconquista.
Quatre siècles de reconquête
L’effondrement du califat omeyyade de Cordoue au 11e siècle et son émiettement en une multitude de royaumes – les taïfas – permettent une avancée de la Reconquista. Alphonse VI de Castille (1042-1109) occupe Tolède en 1085. Mais les Almoravides, musulmans venus du Maroc, repoussent les Castillans. Malgré l’arrivée massive de chevaliers français et la vaillance du célèbre Cid, Valence demeure capitale musulmane jusqu’en 1238. Cependant, les progrès des chrétiens sont continus : reconquête de Saragosse et de la vallée de l’Èbre en 1118. Mais les rivalités entre royaumes chrétiens favorisent l’intervention des Almohades berbères qui infligent une défaite au roi de Castille.
Au début du 13e siècle, les royaumes chrétiens unissent leurs forces. Soutenus par une croisade venue de France, ils remportent la victoire de Las Navas de Tolosa en 1212. Les musulmans sont refoulés dans le sud de la péninsule et forment le royaume de Grenade. Ils se maintiendront pendant près de deux siècles à la faveur des rivalités entre les royaumes de Portugal, de Castille et d’Aragon. L’unification de l’Espagne en 1474, à la suite du mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon, est décisive. Après un siège de plusieurs mois, Grenade tombe en janvier 1492. Les musulmans sont définitivement expulsés d’Espagne.
Une nouvelle Inquisition
Les années 1480 marquent la fin de la tolérance religieuse en Espagne. L’Inquisition, tribunal ecclésiastique instauré au 13e siècle pour lutter contre les hérésies, est alors relancée. Le grand inquisiteur Torquemada (1420-1498) poursuit les juifs et les musulmans, même convertis, dans toute la péninsule Ibérique avec une intransigeance telle, qu’il reste aujourd’hui encore un symbole du fanatisme.
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